Actes du colloque « La France et les indépendances des pays d'Afrique noire et de Madagascar »
organisé par l'Institut d'histoire des pays d'outre-mer et l'Institut d'histoire du temps présent.
Aix-en-Provence : 26-29 avril 1990
Avec le concours du Ministère de la Coopération et du Développement.
CNRS Editions. Paris. 1992. 729 p.
Commémorer en 1990 dans un colloque d'historiens le trentième anniversaire de l'indépendance de l'Afrique francophone n'allait pas sans périls ni aléas. L'entreprise ne risquait-elle pas en effet de relever de la manifestation d'amitié envers une Afrique en pleine agitation et en plein trouble, victime, de surcroît, de la conjoncture internationale, plutôt que de la recherche scientifique sur le passé proche ? C'est pourtant le pari qu'ont voulu tenter, sous l'autorité scientifique de Charles-Robert Ageron et de Marc Michel, les responsables du colloque organisé à Aix-en-Provence du 26 au 29 avril 19910 : l'Institut d'histoire du temps présent du côté du CNRS, l'Institut d'histoire des pays d'outre-mer du côté de l'Université de Provence. De fait, en lançant ce travail mené avec le recul de trente années et étayé par l'ouverture fort libérale des archives, il s'agissait, bien au-delà de la simple commémoration des indépendances africaines, d'en expliquer les origines, le développement et la portée.
Par sa périodisation, centrée sur les années 1956-1961, l'ouvrage privilégie apparemment le « temps court » de la marche à l'indépendance. Toutefois, l'analyse du processus et de ses enjeux conduit à une réflexion remontant aux origines mêmes de la colonisation, à ses voies et moyens, ce qui fait retrouver par là la longue durée. D'autant qu'en aval bien des prolongements interpellent notre propre temps. Au demeurant, le livre s'inscrit dans la suite logique de travaux antérieurs de l'IHTP qui s'étaient attachés à cerner les prodromes de l'émancipation des pays sous tutelle française et qui ont été publiés en 1986 aux éditions du CNRS sous le titre les Chemins de la décolonisation de l'Empire français (1936-1956).
De la loi-cadre de 1956 à la proclamation de la souveraineté des nouveaux États africains en passant par les tentatives manquées de la Communauté, de l'échec de l'Union française à la réussite de la coopération inaugurée en 1960-1961, de la montée des nationalismes à l'installation au pouvoir de nouvelles élites formées par la culture française, ces années marquent un tournant capital pour l'Afrique et pour les puissances coloniales. C'est pourquoi il est apparu nécessaire d'étudier en détail les faces multiples de l'événement, de souligner la diversité des motivations des acteurs, de retrouver le climat politique propre à chaque processus d'indépendance. Et aussi, dans une perspective plus large, de montrer comment cette décolonisation procédait d'une évolution sociale et intellectuelle de l'Afrique tout entière ainsi que de la maturation d'élites actives et entreprenantes. Sans oublier la façon dont l'évolution s'inscrivait dans le contexte politique français et international.
De là l'articulation en cinq ensembles : le rôle des forces internes dans l'accession à l'indépendance; le comportement de la France à l'égard de ses colonies d'Afrique noire; l'attitude des Africains — de la revendication d'émancipation à l'instauration de la souveraineté nationale; l'Afrique dans la géopolitique mondiale ; enfin l'évolution des pays de l'océan Indien, depuis l'indépendance de Madagascar jusqu'aux échos soulevés à la Réunion et au cheminement spécifique de la Côte française des Somalis.
Sur tous ces sujets de difficiles questions étaient en jeu.
A ces interrogations ce volume apporte les réponses souvent neuves, toujours pertinentes et informées, auxquelles sont parvenus les spécialistes internationaux réunis à l'appel de l'Institut d'histoire du temps présent et de l'Institut d'histoire des pays d'outre-mer. Une pléiade venue de trois continents, puisque constituée d'historiens de France et de Grande-Bretagne, d'historiens africains et malgaches, et d'historiens des États-Unis et du Canada. Qu'il me soit permis en particulier de saluer la performance de ces jeunes historiens africains qui ont su analyser et déchiffrer sans complexe, avec science et avec passion, leur propre histoire nationale, démontrant ainsi que l'heure d'une histoire scientifique de l'Afrique est arrivée et que déjà l'on en cueille. les premiers fruits. Puisse cet exemple inspirer les chercheurs à venir afin de faire triompher dans un même esprit de probité savante la connaissance du continent noir !
Des remerciements chaleureux doivent être adressés à Anne-Marie Pathé et à Martine Perney sans le dévouement desquelles la préparation du présent ouvrage — pas plus que le colloque d'Aix-en-Provence — n'aurait pu être menée à bien.
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